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Profitabilité et initiatives de développement durable: Ça va de pair! (1 de 4)

13 Mai 2012

Petit Précis de Destruction de Mythes autour du Développement Durable (1 de 4)

Premier Mythe: Le développement durable, ce n’est pas rentable

Il est surprenant de voir que de nombreuses personnes pensent encore que le développement durable est une lubie d’environnementalistes romantiques qui sont déconnectés de la réalité. En fait, c’est tout à fait le contraire. Le développement durable se connecte directement sur l’optimisation des ressources et sur une exploitation responsable de celles-ci.

Donc, la conjugaison des impératifs économiques, environnementaux et sociaux ne se fait pas au détriment de la profitabilité.

Des exemples:

À petite échelle, pensons simplement à des initiatives comme:

  1. Imprimer recto-verso plutôt que recto seulement: Une économie de l’ordre de 40% en papier. Pas besoin de faire une longue analyse coûts-bénéfices sur cette initiative afin de conclure qu’elle est hautement profitable et qu’elle s’inscrit bien dans le cadre du développement durable. Ici, où je travaille, on a profité de cette éconoimie afin de migrer tout ce papier vers du papier 100% recyclé. La papier est un peu plus cher, mais ce coût additionnel est largement compensé par les économies;
  2. Mieux contrôler les besoins de chauffage et de climatisation: Laisser entrer le soleil par les fenêtres l’hiver, mais fermer ses stores durant l’été sont de bons moyens de réduire les besoins (donc les coûts et l’empreinte écologique) de chauffage et de climatisation. Également, vérifier les coupe-froid et les calfeutrants aux portes et fenêtres sont de petits investissements qui réduiront sensiblement les coûts énergétiques. Évidemment, chauffer un peu moins l’hiver et climatiser un peu moins l’été permettent de réduire les coûts! Encore une fois, pas besoin de faire de grandes études économiques à ce sujet!
  3. Les mêmes principes s’appliquent sur la consommation énergétique: Éteindre ou réduire l’éclairage quand les pièces sont vides, éteindre les appareils qui ne sont pas utilisés (les ordinateurs,  moniteurs et imprimantes durant la nuit).
  4. Et des exemples semblables, qu’on peut appliquer à des entreprises de toute taille, il y en a légion. On peut penser à prendre des tasses en porcelaine au lieu de gobelets en styromousse, de véritables verres au lieu de verres en plastiques, de contenant d’eau de 18L au lieu de bouteilles de 350 mL, de privilégier le transport en commun au lieu de l’automobile… Toutes ces initiatives ne coûtent pratiquement rien à mettre en place (à l’exception d’un peu de formation ou d’information) et respectent pleinement les trois piliers du développement durable. En effet, les économies de coût justifient le volet économique, la réduction de l’utilisation de ressources et d’énergie couvrent le volet environnemental et les employés, qui sont aux premières loges, ne peuvent qu’être fiers de cet engagement social qui les implique directement.

Donc, on voit qu’il est simple et rentable de mettre en place des mesures de développement durable. Maintenant, que peut-on faire de plus?

À plus grande échelle, il convient de faire une analyse plus approfondie et davantage cas-par-cas. Car les projets varient d’une industrie à l’autre et d’une entreprise à l’autre au sein de la même industrie. Le tout est en effet très dépendant des choix technologiques ou d’affaires qui ont été faits dans le passé.

Des exemples concrets:

  1. Une compagnie de transport: Une des premières dépenses dans une compagnie de transport, c’est le carburant. Alors, avec un coût d’esence et de carburant Diesel qui monte plus rapidement que l’inflation, la pression sur ces entreprises est donc très forte. Et ces entreprises font des efforts afin de réduire leur coût de carburant. En investissant des efforts supplémentaires en ce qui touche le développement durable, cette activité de gestion des coûts de carburant peut devenir une saine initiative de développement durable. Premièrement, l’entretien adéquat de la flotte assurera que la mécanique est en ordre et que, conséquemment, elle optimise la dépense en carburant. Ensuite, il faut avoir une politique de renouvellement des véhicules qui vise d’abord l’efficacité énergétique avant la puissance ou la performance seulement, les moteurs et la mécanique en général étant en constante évolution à ce chapitre. Ensuite, et c’est très important, il faut avoir un programme de formation continue en éco-conduite afin d’adopter des réflexes de conduite qui réduisent la consommation de carburant (des études disent que les économies peuvent aller jusqu’à 30%). Finalement, peu d’entreprises savent que le Diesel qu’ils achètent contient déjà 2% de Diesel provenant du recyclage. Malheureusement, ce Diesel recyclée est aujourd’hui trop souvent produit à partir de graisses et d’huiles industrielles usagées. Pourtant, on peut produire du bio-Diesel à partir de résidus organiques (carcasses d’animaux, huile à patates frites, …). Et les moteurs Diesel peuvent supporter jusqu’à 20% (en été) de ce bio-Diesel mélangé au Diesel traditionnel sans problème. L’hiver, à cause des risques de  »solidification » du bio-Diesel, un taux de 5% est tout à fait acceptable. Rouler avec 10% à 12% de bio-Diesel permet de réduire les émissions de GES d’autant sans nécessairement augmenter le coût du carburant. De plus, conjuguer avec un programme de formation et de maintenance à la fine pointe, des réductions de consommation et d’émission sont à prévoir. Donc, encore une fois, des investissements minimaux peuvent rapporter gros et place l’entreprise comme un joueur dynamique en développement durable.
  2. Autre exemple: L’efficacité énergétique et les chaufferies: Les institutions et les industries (donc les grands bâtiments) sont souvent chauffées à l’aide de chaufferies centralisées. Parce que le mazout était très peu dispendieux il y a encore quelques années, ces chaufferies sont souvent alimentées au mazout. Présentement, à cause du prix très bas du gaz naturel, de nombreuses chaufferies sont converties au gaz naturel. Mais, si on regarde le projet d’un angle de développement durable, qu’en est-il? De mon point de vue, un business case de modernisation de chaufferie doit s’attarder à de nombreux éléments. Le premier est le caractère volatile du prix des combustibles fossiles (dont le gaz naturel fait partie). En effet, une chaufferie a une durée de vie de 25 à 40 ans, alors qu’on ne peut prévoir correctement le prix des combustibles l’an prochain! Donc, peut-on adopter une attitude plus durable et plus environnementale? La Fédération Québécoise des Coopératives Forestières a publié, ce printemps, une étude fort intéressante démontrant l’adéquation de substituer les combustibles fossiles par des résidus d’origine forestière (branches, cimes, …). En supposant qu’une entreprise puisse signer une entente d’approvisionnement à long terme avec une des coopératives situées à proximité, cela peut assurer un coût prévisible et plus attrayant d’un combustible carbone-neutre. L’autre alternative est de considérer la géothermie. Cette approche permet non seulement d’inclure une climatisation performante l’été, mais elle met l’entreprise à l’abri des fluctuations des prix des combustibles, sa seule dépendance étant sur Hydro-Québec qui fournit l’électricité afin de faire fonctionner le tout. Il s’agit là d’une solution très rentable pour l’environnement et qui s’avère souvent rentable d’un point de vue économique surtout si la croissance probable du prix des combustibles fossiles est intégrée à l’analyse. Encore une fois, l’intégration des trois piliers du développement durable peut se faire tout en préservant la profitabilité du projet: On réduit la consommation de combustibles fossiles (réduction de coûts) et les émissions de GES (réduction de l’empreinte environnementale) tout en investissant dans une approche qui est socialement acceptable.
  3. Processus d’amélioration continue: De plus en plus d’entreprises manufacturières ou industrielles prennent le virage de l’amélioration continue. Ces processus visent d’abord à utiliser efficacement les ressources afin de maximiser la production. Ce faisant, il est souvent relativement facile d’intégrer les trois piliers du développement durable puisqu’on touche déjà à deux aspects, soit l’optimisation des ressources et donc de la profitabilité et l’implication de nos principales parties prenantes (nos employés, nos fournisseurs et quelquefois même nos clients!). Donc, d’y intégrer les aspects environnementaux tombent souvent sous le sens et fait partie des initiatives (réduction des pertes et donc des rebuts et des matières premières, gain d’efficacité et donc réduction de l’énergie utilisée et ainsi de suite). Donc, en définitive, les équipes de processus d’amélioration continue devient souvent des équipes d’implantation du développement durable. Et tout ça se fait parce que c’est rentable…

En conclusion, force est de constater qu’il se fait beaucoup de choses que je qualifie  »d’initiatives de développement durable » et, qu’en général, la décision d’implanter ces initiatives est basée sur la rentabilité.

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6 commentaires leave one →
  1. 14 Mai 2012 05:29

    La meilleure exemple au Québec est Cascades! Les coûts évités par l’enfouissement génère une rentabilité: http://blog.secondcycle.net/post/2012/02/09/Gestion-des-matieres-residuelles-un-projet-avec-retour-sur-linvestissement!.aspx

    • 14 Mai 2012 10:03

      Merci Frédéric de ce commentaire.

      En effet, Cascades, au Québec, est à la fois un précurseur et un succès afin de transformer une idée d’optimisation en un véritable plan de développement durable.

      D’ailleurs, M. Alain Lemaire, président et chef de la direction de Cascades, a été nommé PDG Vert de l’année (Catégorie Grande Entreprise) dans le premier concours en ce sens organisé par Les Affaires et Trébora Conseil au début de 2012.

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