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Les défis de la gestion des matières résiduelles au Québec (2 de 4) – Les CRD

11 mars 2012

Un premier article montrait que les matières résiduelles provenant de la construction, rénovation et démolition (CRD) représentaient près de 5M de tonnes de résidus par année ou 35% du total, veuillez SVP vous référer au premier article.

Les CRD, comme leur nom l’indique, sont générés au cours de travaux de construction. Ces travaux englobent les grands chantiers routiers, les constructions industrielles, commerciales et résidentielles ainsi que les entrepreneurs en rénovation. Donc, le champ d’intervention est vaste et variable d’une année à l’autre et d’une région à l’autre, surtout à cause de la concentration de grands chantiers à des périodes données et à des endroits donnés.

Ceci étant dit, la performance de récupération du secteur des CRD a toujours été remarquable. Toutefois, cette performance cache en fait une autre réalité! En effet, environ 50% des CRD sont en fait composés de pierre, brique, béton et asphalte. Ces matériaux sont concassés afin d’être réutilisés surtout comme fondations de routes, même si des récupérateurs sont convaincus que certains de ces matériaux récupérés pourraient même servir d’agrégat pour l’asphalte neuve ou le béton neuf… Cela reste à suivre! Car cela évidemment donnerait plus de valeur à ces matériaux récupérés (et je suis d’accord avec cette position de réemploi).

Un certain niveau de métal (environ 10%) se retrouve également dans les résidus de CRD. Ces métaux peuvent en général être recyclés sans trop de difficultés.

Une certaine quantité de terre est également incluse (de l’ordre de 5%) et sera en général utilisée comme matériel de remblai.

Cela nous laisse donc environ 35% d’autres matières potentiellement plus problématiques. Ce 35% est en fait constitué de:

  • Environ 15% de bois (tous types, traité ou non, peint ou non);
  • Environ 5% de papier et carton (tous types, avec différents niveaux de souillure);
  • Environ 5% de gypse (placoplâtre avec différentes souillures);
  • Environ 5% de bardeaux d’asphalte (ou couvertures d’asphalte);
  • Et le dernier 5% est fait de différentes matières plastique de tout genre;
  • Et il y a sans doute un peu d’autres matières (verre, caoutchouc, …)…

Et quand on sait que le niveau de récupération du secteur des CRD est de près de 75%, on ne peut que se dire que le dernier 35% est un peu laissé pour compte! Et c’est bien le cas!

En effet, par exemple, le bois, en l’absence de tri rigoureux ne peut que se ramasser à l’incinération dans une centrale de cogénération ou à l’enfouissement. Toutefois, certains récupérateurs font un tri rigoureux en séparant les essences, le traité du non-traité et ainsi de suite. Cependant, trouver des débouchés stables pour ces matériaux récupérés n’est pas chose facile! Ce bois récupéré peut être utilisé dans la confection de panneau de type OSB ou, dans le meilleur des cas, dans du panneau meuble. Cette filière est donc à développer. Le bois traité ou le bois peint est beaucoup plus difficile à valoriser! En effet, les produits chimiques ajoutés au bois le rende souvent impropre au recyclage, il va donc souvent terminer sa vie à l’enfouissement…

Le papier et le carton peut être récupéré si un tri est fait. Le papier et carton trop souillé sera toutefois destiné à l’incinération ou l’enfouissement.

Il en est de même pour les matériaux plastiques. En l’absence de tri, il va souvent finir à l’incinération ou l’enfouissement. Avec un tri, on peut sans doute en récupérer une bonne quantité!

Donc, une infrastructure de tris ou un tri à la source vont permettre un bon niveau de valorisation de ces matières.

Pour le gypse et les bardeaux d’asphalte (500 000 tonnes par année), les filières doivent être développées.

Le gypse, une fois broyé et la pellicule de papier enlevée, peut être utilisé au lieu de la chaux comme amendement des terres agricoles. Évidemment, certaines séries de gypse (année, manufacturier, …) peuvent contenir certains produits chimiques qui doivent être bien monitorés avant l’épandage, mais cela pourrait techniquement être fait.

Finalement, les bardeaux d’asphalte peuvent avoir de multiples usages. Ces bardeaux contiennent environ 25% de bitume, 35% de petites pierres, 40% de poudre de calcaire pour donner du poids. Le tout est assemblé autour d’une matrice de papier (historiquement) ou de fibre de verre. Les utilisations potentielles de ces bardeaux d’asphalte sont nombreuses:

  • Étant donné que les enrobés bitumineux (l’asphalte) contient 5% de bitume et 95% d’agrégats, des tests ont été faits afin de remplacer une partie du bitume par du bardeau d’asphalte. Ces tests ont été concluants pour certaines applications. En effet, le bitume coûte présentement plus de $600 la tonne et est la principale source de coûts dans la fabrication de l’asphalte, alors si on peut réduire ce coût…
  • On peut également se servir du bardeau d’asphalte comme intrant dans la fabrication du  »cold patch », l’espèce d’asphalte froide qui est utilisée l’hiver afin de combler provisoirement nos trop nombreux nids-de-poule. Cette idée est encore nouvelle mais des tests sont faits.
  • On peut également étendre les bardeaux d’asphalte broyés sur des chemins gravelés afin de réduire la poussière et de donner un fini plus durable à ces chemins. Des tests en ce sens ont surtout eu lieu aux États-Unis avec un bon niveau de succès. Le Québec n’est par contre pas un leader en cette matière.
  • Finalement, en broyant et en tamisant les pierrailles, on se ramasse avec des flocons bitumineux qui sont utilisés comme carburant alternatif dans des cimenteries. Il faut alors trouver un débouché pour la pierraille contaminé au bitume… en appliquant les stratégies ci-haut. Cette utilisation est présentement faite au Québec.

Et l’ensemble de ces défis est exacerbé par le fait que la distribution géographique de ces résidus est quelquefois considérable. De plus, avant de se rendre au recyclage, davantage d’efforts de réemploi devraient se faire: réutiliser les portes et fenêtres, le bois de charpente, les bains, douches et éviers, les comptoirs… À ce chapitre, le Québec n’en fait pas encore vraiment beaucoup…

En conclusion, le réemploi, le développement de filières durables de recyclage, la mise en commun des ressources à cause de l’éparpillement géographique, l’assouplissement de certaines normes permettant l’ajout de matières recyclées dans l’asphalte et le béton sont tous des facteurs clés qui permettront d’obtenir une performance hors pair au niveau des résidus de CRD.

Pour obtenir une copie de ce rapport, veuillez SVP me contacter.

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2 commentaires leave one →
  1. Louis Tourillon permalink
    22 mars 2012 10:23

    Bonjour Françis,

    Le bois devrait être traiter pour en faire de l’energie….

    On s’en parle, si tu le souhaite…

    Louis Tourillon

  2. 22 mars 2012 13:31

    Louis,

    Il me ferait plaisir de prendre du temps afin de discuter avec toi du bois en matière résiduelle. Toutefois, je pense, que de façon responsable, on devrait, pour le bois, y aller dans cet ordre:
    1- Réemploi
    2- Valorisation en matériau (panneau OSB, panneau meuble, bois d’ingénierie, …)
    3- Finalement, valorisation énergétique (biocarburant ou combustion).

    Merci de ton commentaire,

    Francis

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